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QUAND L’INCONSTANCE, LA SUPPOSITION ET L’INCERTITUDE SE RENCONTRENT

Dernière mise à jour : 25 août




QUAND L’INCONSTANCE, LA SUPPOSITION ET L’INCERTITUDE SE RENCONTRENT


Pourquoi autant de souffrance ?

Je suis passée chez ma mère avant de repartir à Bayeux. Chez moi. Dans cette maison désormais vide. Ce matin j’ai effacé toutes traces de sa présence. Il ne reste rien. Pas même un pot de fleur bloqué dans le grillage pour combler un énième trou creusé pour s’échapper.

Je me suis arrêtée à Saint Cloud. Le panneau de mon ancienne agence immobilière est toujours là. Je pleure. Je ne pleure plus. Je me dis que ça va aller. Je suis effondrée. Je suffoque tant mes larmes me renversent. Je m’arrête car j’ai plein de choses à mettre par écrit.

Y a un moment donné ou quand on fait un choix on l’assume jusqu’au bout.

Mais quand on n’est jamais sûre de prendre la bonne décision, comment faire ?

Souviens toi des événements qui t’ont mène à cette décision.

Oui en effet, maintenant je me souviens. C’était parfois dur. Souvent même. Et c’est la tout le problème. Était-ce si dur que cela ? Était ce si insupportable d’être en train de cuisiner vers 19h30 et d’avoir souvent mon chien qui réclame à jouer … et que personne ne veut/peut … car moi je cuisine et les enfants sont sous la douche / devoirs / écrans/ absents …  c’était beau de le voir me réclamer, c’était douloureux de se contraindre à dire non par manque de temps, d’envie, d’énergie, par le sentiment d’être (souvent) seule à gérer, de culpabiliser de faire comprendre aux garçons qu’ils pourraient bouger un peu plus leur cul mais que le chien ne doit pas non plus être le centre du monde.

Mais aujourd’hui je vois à quel point c’était leur monde. Leur ami. Je leur inflige une douleur… oui je sais on ne peut pas épargner ses enfants toute sa vie. Pourquoi dire cela ? Car nous sommes dans une société où la violence prend le dessus. Donc on les met en garde. Au lieu de les faire vivre dans un monde de douceur.

Était ce si dur de se lever le matin à 7h pour aller le promener ? Non… c’était mon plaisir. Contraignant mais mon plaisir. Surtout en hiver quand il faisait encore nuit et que le soleil se levait au fur et à mesure de la balade. Tiraillée entre l’envie d’être au chaud sous la couette, et entre l’instant de bonheur d’être dans la nature avec lui, le voir heureux.

Peut-être que tout ceci j’aurai dû l’écrire avant de le confier à cette nouvelle famille. Peut-être les choses auraient été autrement. Peut-être ne serai je pas dans une souffrance abyssale et une impression de sombrer dans la folie tant le doute me ronge.

Mais qu’en est il de ces centaines de moment où, infatigable malgré une balade d’une heure trente, il arrachait le grillage pour s’échapper. S’échapper pour ? Aller voir les chiennes en chaleur, deux fois trois semaines par an. S’échapper pour courir d’avantage et renifler les jardins à côté de chez moi.

Qu’en est il de mes quelques crises de nerfs car à 23h il ne voulait pas rentrer car il s’attaquait à un scarabée gros comme une souris, et qu’un scarabée c’est sacrément coriace à croquer… je n’avais qu’à l’enfermer à l’intérieur dès 21h30. A peine 6 mois de l’année oui, le reste du temps les fenêtres sont ouvertes. Besoin d’air. De me sentir libre. Au point que je rêve d’une maison en bois dans au bord d’un lac pour y vivre avec mon chien d’amour. Mais vivre de quoi ? Mon moral négatif quatre vingt dix pour cent du temps, me conduit à une procrastination constante de mes envies, et/ou à une certitude que je n’y arriverai pas. Donc sans y croire on arrive à rien. Et à 50 ans aujourd’hui je n’ai rien réussi, je ne possède rien, sinon la souffrance d’une soif de liberté que je ne peux m’offrir faute d’argent et que la société m’interdit de prendre car j’ai des enfants et je n’ai pas le droit de les laisser.

Et c’est vrai. Je n’imagine pas les laisser. Et pourtant je l’ai tant imaginé ! Il y a quelques semaines encore, je disais à ma très chère amie qui se reconnaîtra que si fin juin 2024 ma situation serait la même qu’aujourd’hui, je partirai avec mon sac à dos et mon chien faire le tour du monde à pieds. Y a de quoi rire pour 99% de la population. Mais moi je ne ris pas. Demain on m’annonce qu’il me reste 6 mois à vivre je n’aurais rien fait de ma vie. Et paradoxalement je n’envisage pas de laisser mes enfants seuls. Même adultes. Ce monde est si dur.

Je ne me suis pas laissée le temps. Rusty m’a accaparé. Rusty m’a pompé tant d’énergie. Je suis dégueulasse de lui mettre la faute dessus. Ma condition m’a fatigué.

Les quelques fois, pas nombreuses il faut le reconnaître, où, après la balade du matin, je montais me doucher et me préparer en lui laissant l’accès au jardin, et que je redescendais et qu’il n’était plus là car échappé… et que je le cherchais pendant 20 mns au point d’arriver vraiment en retard à des rdv professionnels. J’aurai pu l’enfermer dans la maison pendant ma douche, surtout qu’il venait d’avoir sa balade d’une heure, mais non, liberté … liberté chérie j écris ton nom !!

Sa nouvelle famille semble vraiment vraiment bien. Monsieur s’appelle comme mon père et me fait penser à mon grand père que j’adorais. Il m’a montré les alentours de sa maison bordée par un canal de 70 kms et de la toute proximité avec un bois où il ira avec Rusty. « Je promenais mes chiens ici le matin ou le soir » m’a t’il dit. « Monsieur … Rusty c’est le matin et le soir. Sinon ça n’ira pas » … l’angoisse m’emporte.

Quant à Madame elle semble un peu, voire beaucoup dans l’excès. Mais viscéralement gentille. C’est sur qu’elle donnera tout l'amour du monde à mon chien. Qui est désormais le sien. Impensable.

Mais lui comme elle, pourront ils se rouler par terre pour faire la bagarre avec Rusty ? C’est ce que faisaient mes garçons. Ils adoraient ça.

Je dois accepter que les choses seront différentes pour lui.

Et puis si ces personnes venaient à partir, qu’adviendra t’il de mon Rusty ? Je suis monstrueuse de penser à cela.

Mais mes 16 et 18 ans de moins qu’eux, j’ai eu ces derniers temps le sentiment que moi je pourrai partir tôt si la frustration, la douleur, la tristesse continuaient à me ronger.

Mais de quelle frustration je parle ? De celle qui fait que tu ne peux pas sortir tranquillement un soir en te disant que si tu rencontres un mec tu finis la nuit chez lui … et non … tu ne peux pas laisser ton chien seul !! Tous les célibataires proprios d’un chien sont ils condamnés à rester célibataire à cause de leur chien ?! Voilà une des centaines pensées limitantes qui m’ont conduites là où je suis aujourd’hui… je n’ai plus mon chien.

La frustration de ne pouvoir aller boire un verre juste après le boulot … faut d’abord promener le chien … mais de quoi parles tu Magali tu étais indépendante jusque là ? Et non, en septembre dernier j’ai quitté ce statut et octobre et novembre à faire des ménages 8h par jour, le résultat est un chien qui se bouffe la pâte d’ennui et d’hyper-attachement. Alors quand le 20 mars j’ai intégré un poste de salariée … ces 3 mois et 10 jours n’ont pas été simples. Interdiction de déjeuner avec les copines le midi car il faut rentrer pour ouvrir à Rusty … et le soir hop hop hop on rentre directement car on retrouve un chien littéralement survolté d’avoir passé son après-midi sur le canapé. Et c’est parti pour une bonne heure de balade. Et la soirée à réclamer beaucoup d’attention et à aboyer au moindre vélo qui passe. Alors je n’ose imaginer mon futur qui va m’amener sur les routes toute la journée si je l’avais gardé.

Les gens de ma génération n’avons plus le sens de la vie. On se focalise sur le travail pour gagner de l’argent pour subvenir à nos besoins. Besoins que l’on se crée !! Fondamentalement de quoi avons nous besoin à part de manger, boire, dormir et aimer !? De rien. Le reste n’est que superflu. J’ai besoin de voyage ? Pourquoi ? Parce que j’ai vu des documentaires. Parce qu’à 13 ans mes parents m’ont foutu dans l’avion direction les États Unis et hop … apprend l’anglais ma cocotte.

Oui c’est super. Mais au final. Il n’y a que l’ignorant qui est heureux. Qui se satisfait de rien. La curiosité n’est elle pas un vilain défaut ?

Aujourd’hui, mercredi 19 juillet 2023, j’ai donné mon chien que j’aime plus que tout à une nouvelle famille et je suis dévastée. Dévastée par la douleur, par le doute, par la culpabilité, par le regret.

Je démarre un nouveau travail le 28 août. Je vais vendre des aires de jeux. « Réalisatrice de rêves d’enfants » sera mon intitulé sur ma carte de visite. C’est beau. C’est beau car ça fait vendre. Mais ça ne m’autorise pas à garder mon chien qui sera seul 4 jours par semaine sans compter quelques déplacements professionnels. Un maire ou une directrice d’école seraient plus aptes à signer un contrat à 15 000 € si le rendez vous se passe en présence de mon chien. Ils seront attendris. Surtout les enfants de la cour de récré lorsque j’y serai pour évaluer la surface à aménager en attendant d’être reçue par la directrice.

Mais comme sa présence n’est pas autorisée, le soir je rentrerai chez moi, et je m’interdirai d’aller au restau ou au théâtre car il aura été seul la journée et qu’il n’est pas envisageable qu’il le soit le soir.

Et puis lors du 2 eme entretien d’embauche la directrice des ventes m’a montré son agenda … journée archi full de 8h à 19h. Ok à elle seule son CA est non seulement énorme mais aussi et surtout le double des autres commerciaux.

Qu’en sera t’il de mon agenda, de ma réussite ?? Et si je foire tout ? Et si cette douleur me plonge dans l’écriture d’un best seller qui me permettrait de vivre avec mon chien. Et si cette douleur me donnait un don de peinture qui fait que je pourrais vendre mes toiles et garder mon chien !!

Je pense sincèrement que dans ma tête c’est un bordel pathologique.

Apres avoir pris cette désastreuse décision, le seul et unique sentiment, ou plutôt la seule pensée, qui n’aura été que de courte durée même si elle revient par micro seconde parfois, c’est :  la joie, celle de me dire je vais être soulagée et surtout, terminé les contraintes, une maison degueulasse, et vive un futur appartement.

Alors que l’inconstance, le doute, l’incertitude, la peur du manque, les suppositions, les idées noires ne font qu’occuper mon esprit 23h/24h.

Il paraît que le temps fait bien les choses.

Il paraît que quand on prend une décision on s’y tient.

Il paraît qu’il faut aller de l’avant.

Il paraît qu’il n’y a rien de grave sauf la mort.

Il paraît que ce n’est qu’un chien

Il paraît qu’on ne se sépare pas d’un chien

Il paraît qu’un chien n’est pas fait pour rester seul

Il paraît qu’un chien s’adapte

Il paraît qu’un chien vit le changement de famille comme un trauma

Il paraît qu’un chien est bien si sa nouvelle famille l’aime

Il paraît qu’il faut écouter son cœur

Il paraît que tout passe … sauf l amour


Je reprends la route, direction ma maison vide …

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