Elle a 28 ans. J'en ai 50.
Elle est belle et fraiche. Je le suis beaucoup moins.
Elle est en quête d'amour. Moi aussi.
Elle a des rendez-vous galants. J'en ai quasiment pas.
Elle est un peu naïve. Moi aussi.
Elle est déterminée. Moi aussi.
Elle apprend à s'affirmer. J'ai appris, tardivement.
Elle se veut libre. Je n'aspire qu'à la liberté.
Elle a sans doute trouvé l'amour. Pas moi.
Cette jeune femme, arrivée dans ma vie il y a presque trois semaines, me touche. Je me retrouve tant en elle. J'aimerais lui dire de ne pas faire les erreurs que j'ai faites.
Nous nous sommes comprises de suite. Elle se livre beaucoup. Je lui donne mon ressenti. Naturellement. Avec sincérité. Elle sait très bien gérer les tracas du coeur. Elle ne commettra sans doute pas les erreurs que j'ai commises. Elle trace sa route, déterminée et confiante. Elle a des moments de doute. Mais c'est normal à 28 ans. Elle en aura toujours. Ce qui signifie qu'elle se remet en question, elle s'interroge. C'est tout à son honneur.
Ce soir, elle dinait avec un jeune homme rencontré il y a quelques semaines. Leur histoire peut être belle. Je le sens. Ses confidences sont intimes et je les garde pour moi. Mais elle a les clés pour obtenir ce qu'elle veut.
Un peu plus de onze ans après mon divorce, je suis toujours célibataire. Un drame et une souffrance qui se vit, bon an mal an. On s'habitue à tout dans la vie. Mais je lutte pour ne pas m'habituer à ce célibat, si incompatible avec une vie équilibrée. Et la durée du célibat ajoutée à l'âge qui avance est terrifiante. Mais ... espoir .. croyance ...
Je ne suis pas habitée par la jalousie. Non. En revanche, est-ce le cap de la cinquantaine, qui m'a quand même mis un sacré coup, mais son rendez-vous avec ce jeune homme m'a fait faire un bond de vingt ans en arrière. Je donnerai n'importe quoi pour avoir à nouveau 30 ans et recommencer à zéro. J'ai aujourd'hui le sentiment d'avoir vécu, décidé, agi, sans réfléchir. Que les grandes étapes de ma vie ont été décidées sans réelle envie. Comment ai-je pu prendre des chemins qui aujourd'hui sont aux antipodes de ce à quoi j'aspire ? Et qui m'ont enfermé dans un schéma de vie qui ne me convient absolument pas.
Oui j'aime mes enfants plus que tout au monde. Mon amour pour eux est si fort qu'il m'arrive d'être terrifiée à l'idée qu'il puisse leur arriver le pire. Mais si c'était à refaire, je ne ferai pas d'enfant. J'ai peur pour leur avenir dans ce monde qui perd tout sens commun, où le mal gangrène le bien. J'ai peur de les savoir sans leurs parents, quand nous approcherons de la fin leur père et moi.
Les enfants, c'est jusqu'à notre dernier souffle. Quoi qu'on en pense, ils sont dans notre coeur et notre esprit chaque jour, chaque heure, chaque minute, chaque seconde de notre vie. La majorité de notre énergie intellectuelle et émotionnelle leur est consacrée. Il y a une notion de sacrifice de soi quand on fait des enfants. Il y a le temps du bonheur absolu, le temps de la légèreté, puis le temps de l'accompagnement qui dure toujours ... de près ou de loin...
Je travaille sur la liberté. Sur cette liberté que je veux m'offrir et qui me rendra pleinement heureuse. Sur cette liberté qui m'autorisera à m'éloigner de mes enfants sans culpabiliser. Sur cette liberté qui fera de moi une maman plus épanouie, qui les rendra fiers. Mais je suis en conflit avec ... moi même. Celle qui veut être libre de toute contrainte et celle qui ne veut pas les quitter. Celle qui leur apprend à être libre et vivre pleinement sa vie, ses rêves, et celle qui leur apprend l'importance de la responsabilité envers autrui. Les deux me semblent incompatibles. À tort diront certains.
Alors oui, cette jeune femme de 28 ans doit s'écouter, elle et personne d'autre, et ne surtout pas satisfaire aux codes de la société. Non, je ne vais pas lui conseiller de vivre ce que j'aurais voulu vivre par procuration. Mais les rencontres ne sont jamais le fruit d'un hasard. Je lui donne des conseils pour apprendre à s'écouter davantage. Et elle exprime tant sa soif de liberté, que je ne peux que l'encourager dans cette voie. Et, même si j'ai encore vingt ans dans ma tête, elle m'insuffle une bulle de jeunesse, d'espoir et d'envie qui décuple ma soif de liberté.
Ce qui est possible pour elle, l'est pour moi. L'âge est un faux prétexte pour s'interdire d'avancer. Comme l'a rappelé la célèbre magistrate américaine Judith Sheindlin : if you didn't make it in your twenties, you can make it in your thirties, and if you didn't make it in your thirties, you can make it in your forties, and if you didn't make it in your forties, you can make it in your fifties, and just remember, GrandMa Moses, she was a painter, and she did not start painting until in her eighties .. And she was one of the most prolific painter. Never too late.
Nous avons tous 20 ans dans notre tête, seul le corps nous rappelle à l’ordre et peut nous empêcher de faire ou de vivre certaines choses… tout semble toujours possible 😉😊