
L'adolescence ... c'est encore l'innocence, l'insouciance, la découverte des autres, la découverte de l'amour, la découverte de son corps, de la sexualité. C'est ainsi depuis la nuit des temps et partout à travers le globe. Mais nous savons tous que dans bien des endroits, cette période charnière de la vie peut-être bafouée, violée, massacrée. Ces traumatismes laisseront des traces et influeront sur le cours de la vie. Des adultes qui décident et pensent pour vous. Il y a des dérives et il y en aura toujours, mais certaines ont des conséquences absolument dramatiques. Et quand l'adulte laisse la religion l'envahir et guider sa vie car tout serait dicté par un être invisible que l'on appelle dieu (qui, à mon avis ne mérite même pas une majuscule *), à ce moment on peut vite basculer dans l'horreur absolue.
Je ne veux pas ici faire l'inventaire des horreurs commises sous le coup de la religion mais je vais tenter de mettre la lumière sur les ténèbres apparues sous le ciel Irlandais entre 1920 et 1960.
Avez vous entendu parler des couvents de la Madeleine ? Il y en avait des dizaines. Des jeunes filles, adolescentes y étaient emmenées de force. Pour quelles raisons me direz vous ? Il suffisait d'être orpheline, ou enceinte et peu importe que cette grossesse fut le fruit d'un viol ou de la découverte de l'amour avec un jeune homme, ou tout simplement si vous étiez un peu trop jolie. Enceinte, vos parents vous regniaient, de peur que la honte se poursuive sur les générations à venir et perturbe l'hypocrite tranquillité du village. Vous étiez alors confinées dans la sombre campagne Irlandaise, à l'abri de tout regard. Esclaves de ces soeurs abominables, tassées dans un dortoir, soumises aux multiples prières quotidiennes, imposées à un silence mortifère, la noirceur, le gris, la morosité, l'absence totale de plaisir était le lot de ces misérables gamines qui allaient subir un accouchement digne d'une boucherie. Leur enfant leur était aussitôt arraché car il ne fallait surtout pas que ces trainées ne s'attachent trop à leur progéniture. Le diable s'était emparé d'elle au point qu'elle avait eu l'infâme désir de gouter au plaisir charnel. Et pour celles qui avaient été violées, la souffrance de ce viol ne suffisait pas. On les persuadait qu'elles l'avaient forcément cherché. Si elles avaient été des bonnes filles insipides, aucun mâle en rut n'aurait porté un regard sur elles. La volonté de dieu se manifestait par l'immense bonté de pouvoir passer une heure par semaine avec son enfant. Mais point trop n'en faut ... les trois ans de l'enfant sonnés, une famille, américaine la majorité du temps, arrivait sans crier gare afin de récupérer l'enfant. Adoption ? oui c'est ce qui était dit. La sordide vérité était tout autre. Les "bonnes" soeurs aimaient l'argent ... et un enfant était donc une valeur marchande vendue à prix d'or pour elles ... les américains pouvaient s'en offrir un ... voire deux.
Les jardins de ces couvents abritent encore les sépultures de nombreuses jeunes filles-mères mortes en couches, ou de malnutrition, ou de suicide ou de désespoir. Car oui, le désespoir était pour beaucoup d'entre elles le sentiment qui dominait leur journée. Certaines se raccrochaient à l'infime espoir de retrouver un jour leur enfant. C'est sans doute ce qui les maintenait en vie. Combien sont elles à avoir cherché leur enfant toute leur vie ? Des dizaines de milliers. Mais l'atrocité aura coulé dans les veines de ces religieuses jusqu'au bout. Ces sorcières existaient par le mensonge même des décennies après. Pour les enfants revenus sur place demander comment retrouver leur mère biologique, la réponse était toute faite : votre mère vous a abandonné. Pour les mères qui osaient franchir à nouveau les portes de cette maison de l'horreur, la réponse était la même pour toutes : un incendie a ravagé nos archives aussi nous n'avons plus trace des parents adoptifs de votre enfant.
Heureusement, certaines mères devenues femmes fortes, n'ont jamais rien lâché. Et à l'aide de journalistes investis, elles ont pu découvrir l'indicible. Comme, par exemple le fait qu'aucun incendie n'ait jamais eu lieu, mais un feu de joie fait délibérement par les soeurs. Certaines de ces mères ont ainsi appris que leur enfant, décédé avant elles, avait demandé à être enterré là où il était né, pour être proche de leur mère biologique à savoir en Irlande. Vous l'aurez compris, beaucoup de ces femmes ne l'ont jamais su. Persuadées que leur enfant n'avait jamais cherché à les retrouver. Jusqu'à leur mort, rien n'est venu soulager un tant soit peu leur infinie douleur.
Et dans tout cela, deux questions subsistent : pourquoi et peut-on pardonner ?
Pour la première question la réponse me parait évidente. Le mal. Certains humains comme Hitler sont dépourvus du bien. Ces femmes religieuses sont pour moi similaires au nazisme. Punir, châtier, humilier, réduire en esclavage, annihilier ces jeunes femmes qui avaient la vie devant elles. Parce que ces "appelées" d'un être invisible nommé dieu qui soit disant répand le bien avaient décrété que la chair était le pêché ultime. Comment pensaient-elles être arrivées au monde ?
Quant au pardon, une majorité de ces jeunes filles ont subi ce qui s'apparente à un lavage de cerveau. La religion n'étant que leur seul repère et réconfort. Elles ont lu que le pardon les mènerait un jour au près du grand et les absoudrait d'avoir eu l'outrecuidance de gouter aux plaisirs infinis et inégalés de la chair. Y croire atténuerait sans doute leur douleur. Du moins pour les plus naïves d'entres elles.
Si vous avez aimé mon texte, je vous invite à regarder ces deux films poignants : "The Magdalene Sisters" de Peter Mullan et "Philoména" de Stephen Frears. Deux histoires vraies.
* je pourrais mettre une majuscule. Car ce dieu n'est peut-être pas responsable du comportement de ses disciples. Mais ... si il existe, pourquoi fait il autant de mal ? Si il n'existe pas ... pourquoi mériterait-il une majuscule ? Débat ...
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