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4 ROSES POUR 4 ANGES. ROSE, THAÏS, AZYLIS ET GASPARD.

Photo du rédacteur: magalisaintmichelmagalisaintmichel


À l’heure où j’écris elle est à table avec son mari, son fils Arthur et les amis de son autre fils. 

Gaspard.

Victime d’un « raptus suicidaire » l’avant veille de ses 20 ans.

Il avait prévenu. Il avait demandé de l’aide. Il a été aidé. Mis en « sécurité ». Mais malgré cela, une fraction de seconde aura suffit pour qu’il passe à l’acte. 

Ce drame, cette douleur dont je ne peux imaginer l’ampleur… n’était malheureusement pas le premier pour Anne-Dauphine et Loïc. Leurs deux filles avaient été emportées par la maladie quelques années auparavant.

Je pense qu’il n’y a que deux choix face à cette abyssale tragédie.

Vivre ou mourir.

Cette femme, Anne-Dauphine, a décidé de vivre. 

Alors ce soir, pour les 23 ans de Gaspard, elle et son mari sont accompagnés des amis de leur fils. 

Ils vont dîner. La table est belle. Je le sais car je l’ai vue. Ils vont sans doute rire. Pleurer. Se souvenir. 

Dispersées un peu partout, 23 bougies sont allumées. Elles seront éteintes quand tout le monde sera parti. Quand le calme sera revenu dans la maison. 

Je « connais » cette femme depuis la mort de sa première fille Thaïs il y a plus de 10 ans. 

À la mort de sa seconde fille quelques temps après j’ai imaginé « son » impensable. 

Et en découvrant il y a quelques mois que son aîné, qui aimait tant la vie comme elle le dit si bien, est parti rejoindre ses sœurs, je n’ai pas compris pourquoi la vie pouvait infliger de telles douleurs à des parents et à un frère … car il faut penser à ce frère … Puis j'ai entendu qu'il faut bannir les "pourquoi" pour adoucir la vie.

Elle a écrit plusieurs livres. Que je n’ai pas lus et que je ne lirai pas par peur de ne pas tolérer. Mon imagination étant ce qu’elle est, je serais capable de sombrer par procuration

Et je pense aussi à Rose … cette magnifique petite de 4 ans qui a également disparu tragiquement laissant sa maman inconsolable. Son papa, sa sœur et son frère sont également dans la souffrance. 

J'ai supprimé mon compte Instagram il y a près d’un mois. Mais j'ai éprouvé un manque. En écrivant ce mot je mesure que tous les manques ne peuvent être comblés de la même façon. J'en suis désolée. Manque de mes peintres adorés. J’avais un vrai besoin de découvrir encore et encore leurs peintures. Alors après plusieurs hésitations, j’ai créé un nouveau compte il y a 3 jours. 

Et j’ai eu besoin de poursuivre le dialogue avec Corinne, la maman de Rose. D’espérer qu’elle retrouve un vrai sourire un jour. De lui apporter mon soutien sans jamais l’avoir rencontrée. 

Surtout que Corinne c’est elle qui est venue à moi. Elle m’a découvert lors de mon passage dans "Ça commence aujourd’hui" en juin dernier , et elle a pris contact avec moi, très touchée par mon histoire. 

Inutile de vous dire que je me suis sentie ridicule quand j’ai découvert ce qu’elle traverse. 

Mais j'ai aussi admis que non, il n’y a pas de souffrances illégitimes.


Je ne suis pas au top depuis plusieurs jours. Je m’interroge énormément sur ma vie. 

Et je pense à ces personnes brisées qui ont malgré tout cet indéfinissable sursaut de vie pour continuer à avancer. 


Le titre du dernier livre d’Anne-Dauphine est : "ajouter de la vie aux jours". Puissante suite de mots.


Et comme a dit Pierre à Shauna : « mais jusqu’ici toi et moi on respire le même air, alors on en profite de cet air qu’on respire encore ensemble »

Je crois que Corinne et Anne-Dauphine, malgré l’insoutenable, appliquent cette phrase sans le savoir, auprès des leurs.


Je pense à elles. Souvent. 

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